EPSM

Rossinière

Philippe Meyer Architecte - EPSM
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Philippe Meyer Architecte - EPSM
Context and Composition
Philippe Meyer Architecte - EPSM
Site Plan
Philippe Meyer Architecte - EPSM
Landscape Section
Philippe Meyer Architecte - EPSM
Plans
Philippe Meyer Architecte - EPSM
Ground Floor Plan
Philippe Meyer Architecte - EPSM
Cross Section
Philippe Meyer Architecte - EPSM
Longitudinal Section
Philippe Meyer Architecte - EPSM
North-East Elevation
Philippe Meyer Architecte - EPSM
Detail

EPSM RossinièreFondation Cogest’ems

Les racines du ciel

L’hospitalité d’un sol, c’est de ne pas ignorer les parts plus rudes pour les associer à celles plus douces. Cette topographie qui a façonné le village, faite de plis et de bosses, invite à une autre installation.

Inscrire le bâti dans une autre perception du rapport au sol et au ciel.

« Le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touche » Michel Corajoud

Ne pas laisser le paysage s’envahir des contraintes nécessaires à l’usage, pour garder en mémoire l’image d’un lieu maintes fois parcouru, et donner à en voir d’autres, celles issues d’autres cadrages sur un paysage familier, afin de ne jamais le perdre de vue.Ensembles, dans une approche hôtelière, démultipliées dans l’expression bâtie d’un hameau, les unités assemblées apprivoisent ce sol, se séparent et se réunissent, et donnent par leur dissonance spatiale une autre lecture du lieu.

La prise en compte de l’histoire, de sa culture, de la tradition du bâti, doit définir un caractère, une identité.

Induire un véritable et indispensable sentiment d’appartenance.

« Construire des lieux, c’est construire des liens. Sans liens, pas de lieux possible. » Marc Augé, Non-lieux.

Le jardin, le potager, sont indissociables de la maison, ils sont son prolongement. Donner à voir, donner à parcourir. Faire des unités protégées et des jardins, un ensemble indissociable. De l’espace le plus ouvert à l’espace le plus protégé, une succession de jardins imbriqués, adaptés à leurs usagers se décline et permet, par le choix contrôlé des plantations et des matières, l’éveil des sens.

Alors, chacun, à la mesure de ses propres possibilités, y trouvera, grâce à la variété des essences, un souvenir, une mémoire, la reconnaissance des saisons.

Ils constituent les lieux de cheminement et de repos conjugués, accessibles à tous en toute sécurité, pouvoir marcher, déambuler, seul ou en famille. Se reposer ou contempler.

Sur son balcon, un banc, au soleil, sous un arbre, se reposer ou contempler.

*Les racines du ciel,_Romain Gary_ed.Gallimard 1956

Topographie et paysage

En référence aux paysages d’Alexandre Calame, Rodolphe Töpffer dans ses écrits « Du paysage alpestre_1843 », énonçait, « Ce vent, qui a déjà fait plier un imposant sapin, transporte avec lui les embruns d’un torrent, donnant naissance à des bancs de brouillard enveloppant la vallée. Par chance, nous sommes au sec, ancrés solidement sur un éperon rocheux. À l’horizon, une lumière forte, lueur d’espoir. »

Le paysage de montagne, c’est une alliance intime entre une géographie et une géométrie. Le territoire de montagne, c’est un drap froissé. Des paysans se sont ingéniés pendant des générations et des générations à essayer d’imprimer une rationalité, des lignes droites, les champs, les sillons et dans ce rapport dialectique, il y a de la beauté qui apparaît.

Les conditions particulières du site investi, tant par ses contours que par sa morphologie exigent une implantation qui ne peut trouver résolution dans la seule prise en compte des contingences programmatiques. Il convient alors de rechercher les clés d’une adaptation.

Détachées et réunies par les espaces communs, les unités sont, attachées au sol dans une forme de dualité inversée. L’implantation, s’inscrit dans le sillage de la mémoire du lieu. Une double échelle, large, celle du territoire, précise, héritière d’une empreinte. Ainsi, le processus de fabrication épouse la topographie la révèle, pour permettre aux deux unités distinctes, d’exposer l’ensemble des chambres vers la vallée et le meilleur ensoleillement.

Structure et matérialité

Les matériaux employés sont peu nombreux, utilisés dans la franchise de leur nature propre et de leur usage. Ils ne font que confirmer chaque décision au profit d’une unité spatiale. Le principe structurel est la combinaison de deux ordres constructifs. Un soubassement en béton de terre qui supporte, jusqu’à la charpente de toiture, une ossature bois.

Le revêtement des façades bois est un complexe composé alternativement de bardages pleins et de bardages ajourées reprenant les motifs de découpage qui ornent les garde-corps de l’édifice existant. Ce recours à l’art décoratif, que l’on retrouve dans le dessin des claires-voies modulables de chaque balcon, représente un mode de continuité, un prolongement mémoriel.

La chambre

La chambre. Le lieu de quiétude mais aussi le lieu de l’intimité partagée avec famille et amis. Au-delà de la conformité aux normes spécifiques touchant au lit ou à la salle de bains, des nécessaires résolutions ergonomiques, c’est dans la matérialité, dans la proportion des éléments construits ou intégrés, dans la relation entretenue avec l’extérieur chambre, au lointain avec le paysage, au plus proche avec les circulations internes, dans la qualité de la lumière et de l’air, que se définit le confort. La gestion de la lumière naturelle, introduite largement grâce à une allège basse, s’établit au moyen d’une protection de claires-voies orientables et d’un rideau doublé, de teinte vert tilleul, pour assurer l’opacité. La lumière artificielle de l’espace, à la fois séjour et chambre, est donnée par une série de sources indirectes, des appliques de tête de lit, une applique murale orientable permettant la lecture. Par une ouverture contrôlée et sécurisée d’un cadre battant, la ventilation naturelle reste modulable au désir de chacun.

Le sensoriel. Au lin ou à la flanelle des rideaux et de la banquette, s’ajoutent le bois, frêne huilé des fenêtres et des éléments de mobilier, l’argile des parois, l’isolation phonique par le liège, et la résine de l'espace bains.

Le sol, en bois, se distingue des revêtements en pierre des distributions. Deux formes d’assise sont proposées. Un fauteuil permettant l’accès à une table à valeur d’écritoire ou de support d’une collation, et une banquette modulable à hauteur d’allège, contenant une surface pour poser un livre ou un vase et un tiroir de rangement, offrant des places assises pour les visiteurs et donnant la possibilité en s’y allongeant d’être au plus près de la vue sur la vallée et les montagnes.

 

Project team: Marta Balsera, Jiky Masson

Image credit:  DOM images

The roots of heaven

The hospitality of a land lies in acknowledging its harsher parts and embracing them alongside its gentler ones. The topography that shaped the village, made of folds and bumps, invites a different way of inhabiting.

To inscribe the built form within a new perception of the relationship between earth and sky.

"Landscape is the place where sky and earth meet" (Michel Corajoud)

To resist letting the landscape be overrun by the constraints of utility, so as to preserve the memory of a place walked countless times, and to offer new views, born from other framings of a familiar scene, so that it is never lost from sight.

In a hospitality-inspired approach, multiplied through the built expression of a hamlet, the assembled units learn the land, separating and rejoining, offering through their spatial dissonance a different reading of the place.

The recognition of history, of culture, of building tradition, must define a character, an identity.

To induce a true and vital sense of belonging.

"To build places is to build bonds. Without bonds, no place is possible" (Marc Augé, Non-Places)

The garden and the vegetable patch are inseparable from the house; they are its extension. To be seen, to be wandered.

To make the protected units and the gardens one indivisible whole.

From the most open space to the most intimate, a succession of interwoven gardens emerges, tailored to their users and designed, through careful choice of plants and materials, to awaken the senses.

Then, each person, in their own way, may find within them, through the variety of species, a memory, a trace, a recognition of the seasons.

They become spaces for movement and rest, accessible to all and entirely safe, to walk, to wander, alone or with family. To rest or to contemplate.

On one’s balcony, a bench, in the sun, under a tree, to rest or to contemplate.

(The Roots of Heaven, Romain Gary, Gallimard, 1956)

Topography and landscape

In reference to the landscapes of Alexandre Calame, Rodolphe Töpffer wrote in "On Alpine Landscape" (1843):

"This wind, which has already bent a towering pine, carries with it the spray of a torrent, forming clouds of mist wrapping the valley. By fortune, we are dry, anchored firmly to a rocky spur. On the horizon, a strong light, glimmer of hope."

Mountain landscape is an intimate alliance between geography and geometry. A mountainous territory is like a crumpled sheet.

For generations, farmers have strived to impose a sense of order, drawing straight lines—fields, furrows—and in this dialectical relationship, beauty emerges.

The site’s specific conditions, its contours and morphology, require a form of settlement that cannot be resolved through programmatic requirements alone. One must seek the keys to adaptation.

Detached yet joined through shared spaces, the units are anchored to the land in a form of inverted duality. Their placement follows the memory trace of the place.

A dual scale, broad like the territory, precise as an inherited imprint.

Thus, the construction process embraces the topography, reveals it, and allows the two distinct units to open all rooms to the valley and the best sunlight.

Structure and materiality

Few materials are used, each chosen for its intrinsic nature and purpose. Every decision confirms a spatial unity.

The structural principle combines two construction systems: a rammed-earth concrete base supports a timber frame structure rising up to the roof.

The timber façade is a layered composition alternating solid and openwork cladding, echoing the cut-out patterns of the existing building’s balustrades. This nod to decorative art, found also in the design of the adjustable openwork balcony screens, represents a form of continuity, a living memory.

The room

The room is a place of quiet, but also a space for shared intimacy with family and friends.

Beyond meeting accessibility standards or ergonomic needs related to the bed or bathroom, comfort is defined through materiality, through the proportions of built or integrated elements, through the connection to the outside world—both the distant landscape and nearby indoor pathways—through the quality of light and air.

Natural light, generously introduced through a low sill, is modulated with adjustable openwork shutters and a double-layer curtain in linden green, ensuring full opacity.

Artificial lighting, suitable for both living and sleeping functions, is provided by a series of indirect sources, bedside sconces, and a swiveling wall light for reading.

A secure, operable window frame offers adjustable natural ventilation to suit individual needs.

The sensory aspect is ever-present. To the linen or flannel of the curtains and bench are added oiled ash for windows and furniture, clay for wall finishes, cork for acoustic insulation, and resin in the bathing space.

The wooden floor sets itself apart from the stone paving in circulation areas. Two types of seating are offered:

A chair suitable for sitting at a writing table or for refreshments, and a modular bench set at sill height, incorporating a shelf for books or a vase and a storage drawer, offering seating for visitors and a place to recline and take in the view of the valley and mountains.

 

Project team: Marta Balsera, Jiky Masson

Image credit:  DOM images