HOMMAGE

À LUIGI SNOZZI

Luigi Snozzi 1932-2020

Il aurait voulu être peintre, mais inlassablement, c’est l’architecture que Luigi Snozzi ne cessa d’aimer et de faire aimer.
Avec une humilité constante, il distilla, au cours de près de soixante ans de réflexion, un discours à la fois empreint de culture et d’humanité.

J’eus le privilège de le connaître et d’apprendre auprès de lui.
Sa faculté de pédagogue était évidente, fascinante : en quelques mots, quelques métaphores choisies, il nous invitait à la cohérence et à la connaissance.
Cette connaissance du territoire, du lieu investi, essentielle, sans laquelle rien n’est permis, rien n’est possible.
Ne jamais perdre de vue la structure et la spécificité du lieu.

« Chaque intervention présuppose une destruction. Détruis avec conscience et avec joie. »

Architecte engagé, Luigi Snozzi a peu écrit, mais il a beaucoup dit. Ce verbe, si important et caractéristique, tous ceux qui l’auront côtoyé ne l’oublieront jamais.
Il n’était pas uniquement une source d’aphorismes, mais une source d’inspiration puissante, issue d’une analyse précise de l’ensemble des questions majeures qui régissent le travail et la position de l’architecte, face à et dans la société.

« La liberté totale est la pire des prisons. Nous avons besoin de limites, de frontières auxquelles nous mesurer. »

L’œuvre de Luigi Snozzi en est la traduction : celle d’un intellectuel critique.
Une œuvre exemplaire qui, à travers les différents projets bâtis ou non réalisés, témoigne de la responsabilité de l’architecte, mais également de celle de ceux qui le commanditent, envers la société et l’environnement.
Cette mission, pour un développement urbain de qualité, indissociable d’une conscience éthique et politique, Luigi Snozzi ne put que trop rarement la mener à bien.

« Avec l’architecture, tu ne fais pas la révolution, mais la révolution ne suffit pas pour faire l’architecture : l’homme a besoin des deux. »

Cette conscience de la ville, de sa croissance, de son expansion insuffisamment contrôlée, était pour Luigi Snozzi l’un des moteurs principaux de ses préoccupations.
Acteur majeur de l’École tessinoise, aux côtés de Mario Botta, Livio Vacchini et Aurelio Galfetti, il participa à de nombreux concours ou études, dont la radicalité des propositions, reçue ou non, continue d’influencer ses confrères.

« La radicalité, cela signifie simplement se focaliser sur les points essentiels.
Une question relève de mille problèmes : savoir en retirer deux ou trois fondamentaux, c’est ça, la radicalité. »

Luigi Snozzi, penseur urbain, était aussi un homme très attaché à la nature.
Pêcheur passionné, passant de longues heures sur sa barque, cigarette et casquette de rigueur.
Homme d’amitiés, il aura su transmettre, au-delà de l’architecture, émotion et enthousiasme.
Si, dans les derniers jours de sa vie, certains l’ont oublié, nous, architectes et élèves, savons que nous lui devons beaucoup.